Photographies : © Eric Valdenaire

 » Mes gestes de coloriste captent les instants, attentive à ce qui entre en moi et autour de moi. La teinture est mon alliée. J’enveloppe de soie les galets ramassés sur le bord de l’océan. A chaque immersion dans la cuve de couleur, une nouvelle teinte se révèle. Les ligatures tracent les pleins et les vides. J’avance à tâtons, presque sans voir. L’accident change ma route, modifie mon regard. Je tente de me poser là où tout n’est que mouvement : la lumière miroitante sur l’eau, l’éclatement des vagues, l’ombre des feuillages dans le vent … C’est de cet indicible mouvement continuel dont je veux parler. Mon regard se perd, la lumière vacille. Déjà la marée montante lave les empreintes de souvenirs disparus. Tout ce qui bouge et respire s’imprime en une trace colorée sur un tissu de chaîne et de trame, fils croisés inlassablement. Je parle de ces instants fugitifs insaisissables et pourtant ici suspendus, témoins de notre souffle/ Cette quête n’a pas de fin. Un moment fugace d’éternité.«